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Santé des Français : des inégalités importantes

L'état de santé de la population en France : publication du rapport 2017

 

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et Santé publique France publient le nouveau rapport sur « L’état de santé de la population en France ». Cet ouvrage de référence, rédigé avec l’ensemble des producteurs de données de santé, fournit plus de 200 indicateurs. Ils permettent de porter un regard à l’échelle infrarégionale sur les disparités socio-territoriales.

A noter que ce rapport a été présenté en avant-première par M. Jean-Louis LHERITIER, adjoint au Directeur de la DREES, lors de l'Assemblée Générale de la FNAROPA, le 11 avril 2017.


 

Les principaux constats

Les Français sont globalement en bonne santé...

  • L’espérance de vie est élevée : 85 ans pour les femmes, 78,9 ans pour les hommes, et l’écart entre les sexes se réduit comme dans d’autres pays européens.
  • La mortalité toutes causes continue à diminuer, pour toutes les classes d’âges, pour les hommes et les femmes. Cette réduction de la mortalité concerne la plupart des maladies chroniques : cancers, maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, diabète…
  • La baisse de la mortalité prématurée observée depuis 15 ans se poursuit, et la mortalité évitable liée aux comportements à risques continue à baisser notamment chez les hommes.

 

... mais le poids des décès prématurés reste important, et la morbidité par maladies chroniques ne régresse pas

  • Près d’un décès sur cinq est prématuré (décès avant 65 ans).
  • La mortalité prématurée est deux fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes.
  • La mortalité évitable par une réduction des comportements à risques représente 30 % de cette mortalité prématurée, elle est plus de trois fois supérieure chez les hommes comparée aux femmes.
  • L’incidence des maladies chroniques ne régresse pas, et la prévalence, déjà importante, est en forte hausse, notamment du fait du vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie.

 

Dès le plus jeune âge, les inégalités sociales et territoriales de santé sont marquées

  • Les inégalités sociales de santé sont présentes à tous les âges de la vie, dès la grossesse : les principaux indicateurs de santé (espérance de vie, santé perçue, incidence et mortalité de pathologies chroniques…) présentent ainsi des gradients sociaux. L’espérance de vie des hommes cadres à 35 ans est de 49 ans, soit 6,4 ans de plus que celle des hommes ouvriers.
  • Les déterminants de santé tels que la nutrition, l’activité physique, et la consommation de tabac sont aussi échelonnés selon des gradients sociaux. Par exemple les enfants d’ouvriers souffrent toujours davantage de surcharge pondérale et de mauvais état de santé bucco-dentaire que les enfants de cadres.
  • Les conditions de travail ont un impact fort sur la santé, les risques (exposition aux agents cancérogènes, facteurs de pénibilité) sont inégalement répartis entre les catégories socioprofessionnelles. Les ouvriers et employés sont particulièrement exposés.
  • Les inégalités territoriales de santé s’expliquent en grande partie par les différences de structures démographiques et sociales d’une région à l’autre. Certaines expositions environnementales ou une inégale répartition de l’offre de soins sont aussi des facteurs de disparités territoriales.
  • On observe également des variations importantes des taux de mortalité et de morbidité entre les régions. Par exemple, pour les accidents vasculaires cérébraux et la bronchopneumopathie chronique évolutive sont plus fréquents dans les Hauts-de-France qu’en région Auvergne-Rhône-Alpes.

« Bien que leur situation ne soit pas homogène, les départements et régions d'outre-mer (Drom) se caractérisent globalement par une natalité plus forte, un âge maternel plus bas, et une situation socio-économique moins bonne du fait d’un chômage élevé. De nombreux indicateurs, notamment ceux en périnatalité y sont plus défavorables qu’en Métropole. » Sylvie Rey, cheffe de projet en santé publique, Drees.

 

Les comportements à risque pour la santé perdurent

  • Le tabagisme reste trop important. Chez les femmes, la proportion de fumeurs est restée stable depuis les années 1970. Chez les hommes, si la consommation de tabac baisse nettement sur la même période, elle reste supérieure à celle des femmes.
  • Contrairement à l’évolution des consommations quotidiennes, les comportements d’alcoolisation ponctuelle importante (API) sont en augmentation. Entre 2010 et 2014, le pourcentage de personnes ayant eu au moins une API1 dans l’année est passé de 36 % à 38 % parmi les 18-75 ans, et de 52 % à 57 % parmi les 18-25 ans.
  • La moitié des adultes est aujourd’hui en surpoids, parmi ceux-ci, un sur six souffre d’obésité. La consommation de fruits et légumes et la pratique sportive restent insuffisantes.
  • Les infections sexuellement transmissibles sont en augmentation : entre 2012 et 2014, le nombre de diagnostics a augmenté de 12 % pour les infections à Chlamydia, et de 25 % pour les gonococcies.

 

Des tendances défavorables chez les femmes de moins de 65 ans

  • Chez les femmes, l’incidence du cancer du poumon et le taux d’hospitalisation pour exacerbation de la BPCO augmentent tout particulièrement (+136 % d’hospitalisations pour exacerbation de la BPCO entre 2000 et 2014).
  • La réduction de la mortalité prématurée est une tendance positive mais elle est moindre chez les femmes (-15 %) que chez les hommes (-23 %) sur la période 2000-2013.

« L’une des causes principales de ces évolutions défavorables est connue : il s’agit du tabac, dont la consommation chez les femmes ne diminue pas depuis ces 40 dernières années. Elles sont près d’un quart à fumer quotidiennement, la réduction du tabagisme reste donc un enjeu de prévention majeur. » 

Michel Vernay, épidémiologiste, Santé publique France

 

Voir la synthèe complète et les détails du rapport sur le site de Santé Publique France